Le musée vir[us]tuel - 2
Bonbonnières, dites bergamotes ou orangettes
Ces objets tout à fait particuliers proviennent
probablement de la région de Grasse, en France.
Il s’agit de bonbonnières, de petites « boîtes »
fabriquées au 18
e
siècle et dans la 1
ère
moitié du
19
e
siècle. A cette époque, elles étaient vendues
chez l’apothicaire - le pharmacien / droguiste - et contenaient non pas des bonbons à
proprement parler mais des « carminatifs » c'est-à-dire des baies ou des graines qui faisaient
oublier l’arrière-goût de l’eau ferrugineuse que les curistes ingurgitaient en grande quantité
mais, surtout, aidaient à la digestion de cette eau très minéralisée. On y trouvait des baies de
genévrier, des graines de carvi, d’anis, de cardamome ou encore des écorces d’oranges
confites.
Mais pourquoi appeler ces bonbonnières des bergamotes ?
La bergamote est un fruit, sorte de petite orange très parfumée. Les amateurs de thé anglais
connaissent son odeur très particulière qui parfume le thé Earl Grey.
Elles sont réalisées avec la pelure de ces fruits. On coupait le fruit en deux moitiés, on vidait
le fruit de sa pulpe, on retournait l’écorce afin d’avoir la partie blanche à l’extérieur. Ensuite on
moulait les 2 parties pour leur donner la forme d’une petite boîte ronde mais aussi carrée,
ovale, losangique, en forme de cœur… Elles étaient ensuite recouvertes de céruse puis
peintes et décorées de motifs divers et souvent de devises amusantes : « notre union a des
charmes », « l’amour manchaine », « il mest fidelle », « l’amour peut tout », bref des mentions
qui laissent à penser que ces petits objets étaient souvent offerts.
La photo de droite présente une pièce de forme particulièrement intéressante : on y voit un
pélican nourrissant ses petits, symbole du sacrifice du Christ dans la tradition chrétienne. Dans
le phylactère, on peut lire « Nourrissez vos enfants, ils seront beaux ».
Vendus à Spa chez l’apothicaire avec la panoplie du parfait bobelin – appellation du curiste du
18
e
siècle – qui comprenait également un cadran en ivoire, ces objets amusants font
traditionnellement partie des collections de jolités.
Dimensions : Motif pélican hauteur : 100 mm et diamètre 65 mm
Epoque : 2
e
moitié du 18
e
siècle et début 19
e
siècle
Technique : écorce de bergamote moulée, peinte et vernie
N° d’inventaire : A0003 et A1105
Bibliographie :
CANOY, Jean-Louis, Les bergamotes ou orangettes à Spa. Une controverse de salon, in
Histoire et Archéologie spadoises, n°82, pp. 53 à 57.
CANOY, Jean-Louis, Bonbonnières ou bergamotes, in Histoire et Archéologie spadoises,
n°102, pp. 54 et 55.
PIRONET, Louis, Essai sur les bergamotes ou orangettes, in Histoire et Archéologie
spadoises, n°80, pp. 147 à 163.
PIRONET, Louis, Les bergamotes et Spa, in Histoire et Archéologie spadoises, n° 103, pp.
103 à 105.
Pour aller plus loin :
http://www.proantic.com/magazine/bergamote/
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